Vendredi 16 janvier – 14h30
Les organisateurs de la 3ème Conférence « ReputationWar » nous annoncent l’identité de l’invité mystère qui interviendra à 17h30 : il s’agit de Joachim Roncin, Directeur Artistique du magazine gratuit Stylist et créateur du slogan « Je suis Charlie ». Il nous disent qu’il viendra nous expliquer comment sa vie a basculé en une demi-heure par le biais d’un buzz international d’une envergure exceptionnelle, jamais atteinte de façon organique en France.
Vendredi 16 janvier – 17h30
Joachim Roncin arrive sur la scène du Théâtre des Variétés. Il commence par refaire l’historique des événements, nous parle des centaines de sollicitation reçues, et de sa volonté de ne pas ou peu s’exprimer sur le sujet. On sent très vite qu’il est un peu dépassé, et qu’il a été pris de court par le buzz généré par cette affaire.
2 points clés à comprendre
Dans le discours de Joachim, 2 points interpellent particulièrement :
1 – Joachim a crée ce slogan spontanément à chaud sans arrière pensée. Il a utilisé seulement 3 mots pour exprimer son soutien en tant que journaliste, et en tant qu’être humain. Il nous rappelle d’ailleurs avec humour qu’il est en général conseillé dans un slogan de ne pas utiliser plus de 8 mots afin de faciliter le travail de mémorisation. Pari gagné avec le « Je suis Charlie » mémorisé par des centaines de millions de personnes dans le monde. Joachim n’est par nature pas un influenceur, c’est d’ailleurs par le biais d’un ami suivi par 30.000 followers sur Twitter que le buzz a démarré. C’est à ce moment là que de nombreux médias ont remonté sa piste pour essayer de l’interviewer. Mais lui a plutôt dans un premier temps essayé de se faire oublier …
2 – … pourtant finalement il a choisi de s’exprimer dans les médias uniquement pour parler d’un sujet : faire en sorte de limiter au maximum la récupération commerciale du « Je suis Charlie ». Il nous raconte qu’il a été horrifié d’apprendre que 120 demandes de dépôt (dont 2 dans la catégorie « Armement ») du « Je suis Charlie » ont été effectuées auprès de l’INPI dans les jours suivant les attentats. Heureusement toutes ont été automatiquement refusées. Il nous explique ensuite qu’il a été obligé de faire appel à des avocats pour faire en sorte que le message « Je suis Charlie » reste intact, afin de défendre la liberté de la presse et la liberté d’expression.
Au final, nous comprenons tous dans la salle que son combat sera long et compliqué, car cette problématique juridique et commerciale concernera de multiples demandes de dépôt dans le monde entier. Quelqu’un a d’ailleurs déjà réussi à déposer le « Je suis Charlie » sur la zone Benelux. En attendant, Joachim (qui reste très touché par tous ces événements) apprend chaque jour à gérer cette notoriété récente, en grande partie faite de commentaires bienveillants sur les réseaux sociaux, mais aussi parfois de reproches émanant de personnes mal informées. Par exemple, certains lui reprochent à tord d’avoir mis en place une stratégie d’anticipation de buzz dès l’annonce de ces événements tragiques. Tout ceci montre bien que la frontière entre « slogan populaire » et « nom de marque » n’a jamais été aussi tenue en termes de E-réputation, surtout dans un contexte de crise nationale et internationale.