Les médias sociaux constituent aujourd’hui pour les salariés internautes un lieu privilégié d’expression. Sur Facebook, Twitter, sur les forums et les blogs se tiennent tous types de conversations : conversations sur les marques, sur la vie privée mais également aussi sur la vie professionnelle. Le web social a subi une mutation conséquente : la sphère privée et la sphère professionnelle se confondent de plus en plus. Un principe de vase communiquant s’est mis en place. L’utilisation des médias sociaux par les employés est devenue courante dans le milieu professionnel. D’après une étude menée par l’Observatoire Cegos, 61% des salariés sont sur Facebook et 20% d’entre eux ressentent de la crainte vis-à-vis de leur employeur lorsqu’ils s’expriment sur les médias sociaux.
Quel degré de contrôle sur l’accès aux réseaux sociaux à l’intérieur des entreprises?
En réponse à ce nouveau phénomène, de nombreuses sociétés choisissent de bannir l’accès de leurs employés à ces plateformes. D’autres leur permettent un accès limité à certaines plages horaires. Il s’agit donc de trouver le bon degré entre permissivité et contrôle en tenant compte de la culture de l’entreprise et de son activité. Dassault Aviation, Nestlé ou Microsoft ne peuvent être adressés de la même façon.
D’après Clearswift (rapport annuel WorkLifeWeb 2011) 68% des entreprises mondiales mènent une action de surveillance sur l’activité de leurs salariés sur les réseaux sociaux. 56% bannissent l’accès à des sites spécifiques. La réticence des entreprises à autoriser leurs salariés à utiliser ces nouveaux médias est liée à différents facteurs dont deux clés : conséquences possibles sur la productivité, incapacité à contrôler les conversations qui ont lieu sur ces espaces. Cette réserve est beaucoup plus forte vis-à-vis des réseaux sociaux grand public que des réseaux sociaux professionnels, comme le montre une partie de cette infographie.
Croissance des risques de dénigrement de l’entreprise sur les médias sociaux
Dénigrer son entreprise sur Facebook devient un sujet de discussion de plus en plus courant et lourd de conséquences, autant pour le salarié que pour l’entreprise. La e-réputation d’une société est désormais liée à celle de ses employés et une dérive interne peut impacter très négativement son image mais également son chiffre d’affaires. Des grandes entreprises comme TF1, Michelin, Singapores Airlines, la Police Nationale ont été confrontées à ce type de dérives dues à un manque d’informations transmises aux collaborateurs et à une méconnaissance de la culture web 2.0 de ces entreprises.
Pour adresser ce déficit de culture, la Digital Academy a mis en place des programmes d’acculturation au web 2.0. Sous format d’une journée en inter-entreprise, le « digital day », ils remettent du sens dans le capharnaüm que peut représenter le web pour des non-experts et nous en expliquons le périmètre dans cette présentation vidéo et ainsi que le programme.
La jurisprudence Alten sur les médias sociaux
La société Alten est un bon exemple de déviance des employés sur les médias sociaux mais les décisions des tribunaux nous laissent cependant sans repère fort.
En décembre 2008, trois salariés critiquent leur hiérarchie et un responsable des Ressources Humaines sur Facebook. Les conversations sont transmises en interne aux personnes concernées. Alten licencie ses trois salariés pour deux motifs : “Incitation à la rébellion” et “Dénigrement de l’entreprise”. Le Conseil des Prud’hommes saisi suite à la protestation de deux des trois salariés contre leur licenciement a statué le 19 Novembre 2010 en faveur de la société Alten. La raison invoquée : « les pages mentionnant les propos incriminés constituent un moyen de preuve licite du caractère bien-fondé du licenciement ».
Les deux salariées font ensuite appel auprès de la Cour de Versailles qui rend son jugement le 22 février 2012. Le licenciement est déclaré sans cause réelle ni sérieuse. La règle “non bis in idem” est invoquée, règle qui stipule que l’on ne peut pas être condamné deux fois pour un même fait : or les deux salariées avaient été sanctionnées par une mise à pied disciplinaire.
Si le licenciement est condamné d’un point de vue procédure, rien n’est véritablement statué en ce qui concerne le statut d’un réseau social comme Facebook : s’agit-il de la sphère privée ? publique ? y aurait-il eu matière à juger si la conversation originelle s’était tenue dans un cercle d’”amis” et n’avait pas été rapportée ? Un article intéressant sur Alten à découvrir ici.
Combiner la montée en connaissance avec la dynamique métier autour des fondamentaux du digital
Beaucoup de nos clients reconnaissent ce déficit culturel et nous demandent d’intégrer la dimension « métier » au sein de notre Digital Day que nous évoquions plus haut. Selon que l’entreprise est dans le B2B ou le B2C, l’alimentaire, les services, l’industrie, les exemples et usages possibles du web différent. Nous personnalisons donc nos journées de formation pour prendre en compte les enjeux de l’entreprise. Cela a été le cas par exemple pour Icade, filiale de la Caisse des Dépôts, un des leaders français dans les activités de foncière, promoteur et services.
Mais la dynamique « métier » n’est pas la seule à prendre en compte. Nous mettons en place une grille d’analyse qui intégre, pour ces formations à l’intérieur des entreprises, la disparité des fonctions à former, la maturité sur le web, la localisation France ou internationale, la séniorité des fonctions, l’âge des stagiaires.
Voilà donc pour cette première approche « formation ». L’autre réponse possible est la mise en place d’une charte de comportement des salariés sur les médias sociaux. Ce sera un de nos prochains sujets.
Cet article a été préparé avec Charline Schmerber.